26.12.08

Recordar Ramonet, nestes tempos de vulnerabilidade dos media

Ignacio Ramonet, a propósito da "Tirania da Comunicação": "(...) peu à peu, la communication est devenue une idéologie. Une idéologie qui nous oblige à communiquer. Qui nous contraint à nous équiper, à nous entourer de machines à communiquer chaque fois plus nombreuses et plus performantes : fax, magnétoscope, ordinateur, courrier électronique, chaînes numériques, téléphone portable, cédérom, jeux vidéo, DVD, Internet… Des machines auxquelles tout le monde aspire désormais parce qu'elles apparaissent comme les outils qui nous rendent libres, qui seraient indispensables à l'accomplissement existentiel, à la réalisation de soi, bref, au bonheur.

"Pourtant, alors que triomphent, apparemment, la démocratie et la liberté dans une planète largement débarrassée des régimes autoritaires, les censures et les manipulations, sous des aspects divers, font un paradoxal retour en force. De nouveaux et séduisants « opiums des masses » proposent une sorte de « meilleur des mondes », distraient les citoyens et les détournent de l'action civique. Dans ce nouvel âge de l'aliénation, à l'heure de la « world culture», de la «culture globale », et des messages planétaires, les technologies de la communication jouent, plus que jamais, un rôle idéologique central. Information, communication publicitaire et culture de masse se confondent, emploient la même rhétorique, s'expriment en privilégiant la simplicité, la rapidité et la drôlerie. Trois caractéristiques qui infantilisent, le plus souvent, les citoyens.

"Les médias estiment qu'informer consiste maintenant à simplement nous faire assister à l'événement. Qu'il suffit d'y être pour savoir. Qu'il suffit de voir pour comprendre. Qu'il suffit de répéter pour démontrer. Qu'il suffit d'émouvoir pour convaincre. Or de telles pratiques conduisent souvent à la désinformation. C'est pourquoi le nombre de mensonges (de Timisoara à la guerre du Golfe, de la Bosnie au Rwanda) s'est tellement accru, et les « bidonnages » multipliés. Le système médiatique considère que plus il se branche, plus il se connecte, plus il exhibe les nouvelles technologies ultramodernes et leurs prouesses, plus il sera crédible. C'est une erreur.

"La promesse du bonheur, à l'échelon de la famille, de l'école, de l'entreprise ou de l'Etat, c'est effectivement la communication qui la formule désormais. Plus on communique, nous dit-on, plus notre société sera harmonieuse, et plus on sera heureux. D'où cette prolifération sans bornes des instruments de communication, dont Internet est l'aboutissement total, global et triomphal.

"On peut même se demander si la communication ne vient pas de dépasser son état optimum, son point zénith, pour entrer dans une phase où toutes ses qualités se transforment en défauts, toutes ses vertus en vices. Car la nouvelle idéologie du tout-communication, cet impérialisme communicationnel, exerce depuis quelque temps sur les citoyens une authentique oppression.

"Pendant longtemps la communication a libéré, parce qu'elle signifiait (depuis l'invention de l'écriture et celle de l'imprimerie) diffusion du savoir, de la connaissance, des lois et des lumières de la raison contre les superstitions et les obscurantismes de toutes sortes. Désormais, elle est probablement devenue la grande superstition de notre temps. En s'imposant comme obligation absolue, en inondant tous les aspects de la vie sociale, politique, économique et culturelle, n'exerce-elle pas une véritable tyrannie?"

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